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Ochamps d'Antan et d'Aujourd'hui

Source : Libin d'Antant 


 

Source: https://www.chtl.be/a-voir

Le visiteur choisira entre la découverte d’un village rural entouré de ses terres agricoles ou une visite tournée vers une architecture plus monumentale.

 

De part et d’autre de la route de Libin, le château et ses dépendances semblent presque insolites dans une Ardenne réputée pour ses modestes revenus. Si Évence II Coppée eut le coup de cœur pour Roumont (achat en 1886), c’est Évence III qui l’a transformé en un domaine plus fastueux. Ce dernier décide de reconstruire un nouveau château sur l’emplacement de la gentilhommière de 1886 et de raser la ferme pour rebâtir plus beau et plus impressionnant. Il mandate Alban Chambon, architecte décorateur en vogue à cette époque, pour réaliser les plans du château dans un style d’allure Renaissance propre à plusieurs châteaux de la Loire. Le mélange de pierres et de briques est très à la mode à cette époque et apporte une certaine légèreté aux tours ajoutées au bâtiment d’origine. Les dépendances, éloignées du château, sont confiées à l’architecte Fraikin. Elles forment un petit hameau de plusieurs maisons isolées et d’un bâtiment principal composé de différents corps. L’ensemble a été construit en matériaux reconnus pour leur robustesse et leur longévité : grès schisteux du pays, pierre bleue, ardoises naturelles, etc. Les dépendances proprement dites sont disposées, selon leur utilité, en trois cours intérieures : la cour des chauffeurs, celle des chevaux et celle des chiens. L’ensemble comprend aussi la maison du régisseur, celle du jardinier, celle du garde, des serres, un potager et un verger. Le tout est réparti sur sept hectares.

Parallèlement, le baron Coppée achète des terres et des fermes dans les environs. La ferme du Peroy, route de Libramont, est acquise en 1918. Construite en 1860 par Joseph-Adolphe Van Cutsem, ce bâtiment harmonieux deviendra la propriété du peintre André Collin à la mort de son mécène, Henri Van Cutsem.

 

La ferme de Gerbaifet s’étend de l’autre côté de la route. Construite en plusieurs étapes, elle offre une juxtaposition de styles néo-classique et néo-gothique. Ses premiers propriétaires, les frères Van Volsem, souhaitent y développer une ferme expérimentale. Elle est achetée par la famille Coppée en 1899.

 

Proche du château, la ferme de Nargaufay, au départ une maison de garde à laquelle, en 1912, divers bâtiments sont ajoutés tels que laiterie, fumoir, poulailler, annexes agricoles, pour prendre l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Son architecture marquée par diverses inspirations mélange les éléments en colombages et en grès schisteux.

 

La ferme de Maubeuge, située sur les rives de la Lesse, forme un vaste quadrilatère construit sur un site plus ancien, celui du moulin Puchaux (La Roche Renaud). Acquis en 1901 par Évence Coppée, le bâtiment du moulin a subi, en 1912, de profondes transformations.

L’église paroissiale Saint-André fait face à un des plus anciens bâtiments d’Ochamps puisqu’il apparaît dans les textes anciens (dès 1755) sous l’appellation « Maison forte ». Avec ses six travées et son clocher posé sur une forte tour, l’église actuelle a été construite en 1883-1884 sur les plans de l’architecte Blandot. Elle remplaçait l’ancienne, reconstruite en 1639, une période sombre qui voyait le passage incessant de troupes. Était-ce pour se ménager un refuge dans la tour centrale ? Toujours est-il qu’une peinture panoramique d’André Collin montre un bâtiment trapu avec une tour quadrangulaire excentrée. L’ensemble se situait à l’emplacement de l’actuel petit parc qui regroupe divers monuments : pierres tombales, calvaires, etc.

Le bâtiment d’école domine le quartier. D’inspiration néo-classique, cette imposante bâtisse a été édifiée en 1864 comme l’atteste le cartouche dominant l’entrée. Le corps central de cinq travées sur deux niveaux, surmonté d’un fronton triangulaire et d’un clocheton, accueillait la salle du Conseil et la maison de fonction de l’instituteur. De chaque côté, deux ailes plus basses à pavillons d’accès terminaux servent toujours de classes. Récemment, le bâtiment a été agrandi à l’arrière.

Dans le bas du village, rue baron Coppée, une bâtisse plus ou moins cubique de deux hauts niveaux sur cave est millésimée 1791. La haute toiture d’ardoises en pavillon et coyau contraste avec l’ensemble des toits voisins qui se dessinent sous deux pans avec parfois de simples croupettes. Elle a subi un incendie en 2011.

De nombreuses fermes bordent la route et s’étalent sur les deux rives de la Lesse. Une toile d’André Collin de la fin du 19e siècle montre l’évolution de ces bâtiments. Bâties sur un plan carré, les fermes traditionnelles du plateau ardennais ne comptaient qu’un étage, prenaient la lumière sur un pignon (souvent en colombages) et alignaient une travée d’habitation, une de circulation (corridor et escalier), une pour l’étable et une pour la grange. Le tout recouvert d’ardoises.

Proche du pont qui enjambe la rivière, une ancienne laiterie accessible par une volée d’escaliers rappelle le caractère rural du village.

À la limite de la plaine alluviale, l’abbé Brahy et ses paroissiens ont fait élever, en 1920, une réplique de la grotte de Lourdes. Chaque année, le dimanche le plus proche du 22 août, les fidèles s’y rassemblent pour un office religieux et pour commémorer la bataille de 1914. Une soixantaine d’ex-voto illustrent l’importance de la dévotion des fidèles. La vasque reliée à une source voisine est en réalité le bénitier de l’ancienne église de 1639.

 Le chemin d’accès est longé par un canal d’abissage qui arrosait les prairies de fauche en aval. Un acte daté de 1870 énumère cinquante et un riverains qui, devant notaire, tentent de se mettre d’accord sur une réglementation satisfaisante pour «mettre l’eau» sur leur pré.

Sur le sommet de la colline en direction de Jéhonville, la chapelle Notre-Dame de Beauraing est une construction mononef traditionnelle de 1884, construite par Nicolas-Joseph Granjean en réparation pour les excès causés par la loi scolaire de 1879 qui avait fortement divisé le village. De violents combats se sont déroulés à proximité de la chapelle le 22 août 1914.

Les amoureux de la nature se réjouiront d’explorer les sources de la Lesse. Le plateau culmine ici à plus de 500 mètres et de nombreux ruisselets sourdent en amont de La Goutelle, le premier moulin alimenté par la Lesse (attesté en 1586). Ici, la nature a conservé ses droits : pas de culture ni d’élevage intensif car le sol est trop pauvre et trop humide.

Perdue dans la forêt au nord-est d’Ochamps, la réserve naturelle domaniale des Troufferies s’étend sur près de soixante hectares. Repéré en 1972 par des botanistes, le site s’est révélé d’une richesse faunistique, floristique et historique exceptionnelle. Le promeneur occasionnel risque de n’y voir qu’une simple clairière trop humide pour accueillir les plantations d’épicéas. Il est vrai que les drains des pessières voisines s’arrêtent en périphérie de la réserve. Les planteurs l’ont négligée. Heureusement ! Une mosaïque d’associations végétales de type fagnard révèlent diverses occupations anthropiques et livrent quelques plantes rares (Calla palustris, Drosera rotundifolia, Empetrum nigrum, Eriophorum vaginatum, Dactylorhiza sphagnicola, etc...). D’abord, le long du ruisselet, des tertres d’orpaillage laissés par les Celtes ont créé une digue artificielle qui a rehaussé le niveau de la tourbière. Redynamisée, celle-ci a accumulé, à certains endroits, près de deux mètres de tourbe qui sera exploitée, du 17e jusqu’au milieu du 20e siècle, lorsque les maîtres de forge – le haut fourneau de Contranhez est tout proche – auront épuisé la forêt. Le pâturage extensif a apporté tout un cortège de plantes liées aux prairies tourbeuses. Un caillebotis a été aménagé dans la partie la plus sensible de la tourbière. Il conduit directement à l'emplacement des anciennes fosses d'extraction de tourbe (côté Glaireuse), où les espèces végétales sont les plus rares et les plus fragilisées.

 Ochamps compte une autre réserve naturelle à la Vieille Rochette. Gérée par Natagora, elle se situe à l’ouest du village, dans une zone de sources. Cette ancienne prairie humide, abandonnée depuis la mécanisation de l’agriculture, se caractérise par un cortège floristique typique des anciens prés de fauche. Colonisée par une saulaie envahissante, elle attire une avifaune riche et diversifiée. Il n’est pas rare d’y rencontrer la cigogne noire. Une autre réserve (prairies à bistorte) vient d’être acquise entre Ochamps et Maubeuge.

Planté au milieu de son espace agricole et ceinturé de forêts, Ochamps respire la quiétude. Il n’en a pas toujours été ainsi ! Quelques croix de pierre et des stèles funéraires sont plantées en pleine campagne (Croix Detrie, Vacquery, Pascal, Pargala). Régulièrement fleuries et entretenues par des bénévoles, elles rappellent la catastrophe de l’après-midi du 22 août 1914, lorsque l’aile droite du 17e Corps de Toulouse s’est trouvée cernée dans le bois de Luchy par le XVIIIe Corps allemand (41e et 42e Brigades de la 21e Division). La bataille a été brève, le choc extraordinairement sanglant. Un cimetière militaire situé le long de la route de Bertrix rappelle aux passants ce terrible épisode. Dans le village, dix civils ont été tués et cinq maisons détruites.